Philosophes de métier

(Concernant la valeur des évaluations qui ont eu cours jusqu’à présent) Ici encore on pourra laisser les philosophes de métier jouer le rôle de porte-parole et d’intermédiaires après qu’ils auront réussi à transformer du tout au tout les relations toujours si aigres et si méfiantes, à l’origine, entre la philosophie, la physiologie et la médecine, en un échange de vues des plus amicaux et des plus féconds. En effet, toutes les tables de valeurs, tous les «tu dois» que connaît l’histoire ou l’ethnologie auraient besoin avant tout d’être éclairés et interprétés par la physiologie plus encore que par la psychologie; tous réclament aussi la critique des science médicales. La question de savoir ce que vaut telle ou telle table de valeurs, telle ou telle morale demande à être posée sous les perspectives les plus diverses; notamment, on n’analysera jamais avec assez de scrupule la question «bon pour quoi ?». […] Toutes les sciences ont désormais à préparer la tâche future du philosophe, cette tâche étant ainsi entendue: le philosophe doit résoudre le problème de la valeur, il doit déterminer la hiérarchie des valeurs.

Nietzsche, La généalogie de la morale, 1ère dissertation, 17, remarque